Enclos Paroissial de Locmélar

Enclos Paroissial de Locmélar INTIMITÉ ET SÉDUCTION

Tous les jours de 8h30 à 17h
Parking à proximité
Pas de restaurant à proximité
Accès PMR
Toilettes à proximité

Sous les dehors modestes d’un petit bourg qui n’était autrefois qu’une trève (annexe) de Sizun, Locmélar porte aussi la marque de riches paysans-marchands de toile : par exemple Jacques Soubigou, dont le testament de 1692 révèle des relations d’affaires avec Josselin, Moncontour ou Rennes. Pour dire sa réussite et célébrer son saint patron, l’enclos emprunte le même langage que ses prestigieux voisins. Mais il sait toujours le transposer à son échelle ; et pour cela sans doute, il touche davantage encore.

La vue d’ensemble, depuis la place, ne trompe pas : tout ici paraît exactement proportionné au lieu, depuis la flèche du clocher jusqu’à la sacristie-miniature dont la toiture en carène reprend le modèle de Sizun. Depuis la démolition du petit ossuaire en 1920, le profil aérien du calvaire (v. 1600) se détache sur le fond de la vallée. Les deux traverses portent, dans un défi à l’équilibre, le Christ, les larrons, les cavaliers, quatre statues géminées, une Pietà et le jeune prince Mélar. La réussite en revient au sculpteur qui, peu après, réalisera le grand calvaire de Plougastel-Daoulas.

A ses côtés, le petit porche Renaissance excelle dans le registre délicat de la réduction : colonnes baguées et fronton, apôtres et dais, voûte d’ogives et restes d’ocres jaunes et rouges, banquettes de pierre pour les notables…, tout y est, à la mesure du lieu (1664). L’intérieur de l’église prolonge le charme. Les fonts baptismaux et les bannières anciennes disent l’autonomie de la trève, obtenue par les habitants en 1612. La totalité du chœur est tapissée de trois retables d’une grande richesse.

Celui du maître-autel (vers 1675) célèbre bien sûr l’Eucharistie ; mais tout autant la vie et le martyre de saint Mélar, car la paroisse vient d’obtenir des reliques de l’enfant aux prothèses d’argent. Si le terme de « baroque paysan » a un sens, c’est peut-être ici, dans l’inimitable saveur du retable de saint Hervé et les angelots joufflus de la voûte bleutée.

LE CALVAIRE

Le calvaire date de 1600. Il est attribué au Maître de Plougastel. Il a été restauré en 1925 par Donnart de Landerneau. Sur le premier croisillon, regardant vers l’Est, la Vierge de Pitié est entourée de saint Jean et de la Vierge. Et au revers saint Mélar. Par son allure plus raide, plus médiévale, la Vierge paraît antérieure à l’ensemble du monument, au contraire de la statue géminée de la Vierge et de Madeleine.

Du côté Ouest, le Christ enseignant est accompagné par saint Pierre, il tient le livre des textes sacrés de la main gauche et un sceptre de la droite. Sur le second croisillon, le Christ crucifié est entouré de deux cavaliers. On y trouve aussi les gibets des larrons. Sous la croix, côté Ouest, deux anges portent un calice qui recueille le sang du Christ.

LES MOBILIERS

Des bannières anciennes brodées d’or sont exposées, l’une de XVIe siècle, dédiée à la Crucifixion, et l’autre du XVIIe siècle à Dieu le Père « Cathedra Petri », la chaire de Pierre.

Les panneaux de la Passion :
Neuf panneaux en bas-relief représentent les principales scènes de la Passion. Au rang inférieur, c’est l’entrée dans Jérusalem, le jardin des Oliviers, l’arrestation de Jésus. Au milieu, le baiser de Judas, le portement de Croix et la guérison de Malchus. Au rang supérieur, on retrouve Jésus devant le grand prêtre Caïphe, la Crucifixion et la Cène.

Les fonts-baptismaux :
La cuve en kersantite porte l’inscription ANNO DOMINI 1612 S.MELAR. La date correspond au moment où Locmélar fut érigé en trève de Sizun. Le baldaquin hexagonal doré et polychrome est soutenu par six colonnes en faux marbre à chapiteaux corinthiens. Le ciel représente le baptême de Jésus par Jean Baptiste dans le Jourdain, traité en bas-relief polychrome. Saint Michel terrasse le dragon (le Mal).

La chaire :
Elle date du XVIIe siècle. Sa polychromie restaurée a été rétablie en 2004. En bas-relief sur les quatre faces de la cuve, on peut reconnaître les quatre Evangélistes : saint Marc et le lion, plus débonnaire que menaçant, saint Jean et l’aigle, saint Luc et le bœuf, saint Mathieu écrivant sous la dictée d’un jeune enfant. L’abat-son où apparaît la colombe du Saint Esprit est soutenu par Moïse représentant l’Ancien Testament et un jeune homme imberbe représentant le Nouveau Testament.

LES RETABLES

Trois polychromes datent du XVIIe siècle.

Le principal retable du maître-autel comporte trois travées délimitées par des colonnes cannelées dont le fût rehaussé d’or est entouré d’une guirlande de feuillage vert. A gauche, saint Mélar, Patron de la paroisse, est associé à la Passion du Christ et à son Eucharistie. Il tient dans une main la palme, symbole du martyre et présente la prothèse dont l’histoire est reproduite dans un panneau du chœur. A droite, le groupe de la Vierge à l’enfant est empreint d’une ferveur sensuelle. Le tabernacle de l’autel, joyau de grâce et de mouvement, est peuplé de statues et d’angelots. Deux bas-reliefs évoquent la Passion. Au-dessus et en léger retrait d’une délicate balustrade, des petits anges présentent des médaillons. Sur la porte du tabernacle, on découvre le sacrifice d’Abraham, préfiguration de la Crucifixion. Le couronnement central consiste en une joyeuse ronde de séduisantes cariatides portant un dôme qui abrite le médaillon du Crucifié. Au-dessus d’un globe et de guirlandes champêtres, soutenus par des angelots, s’élève le Ressuscité.

Les transepts nord et sud sont occupés par deux retables de facture identique. La niche du retable nord abrite une Vierge à l’enfant d’une facture rustique, celle du retable sud saint Hervé, ermite aveugle, à côté de son guide Guicharan et de son loup qui ne le quitte pas. Sous Marie, le tableau représente son Annonciation et son Assomption.