Lampaul n’est pourtant, jusqu’à la Révolution, qu’une trève de Guimiliau : on dit aussi, à l’époque, une « fillette ». Mais une fillette richissime et soucieuse de se distinguer de la paroisse-mère : saint Miliau y compte moins que saint Paul Aurélien, premier évêque de Léon et patron de l’église. Parmi toutes les statues qui le représentent, tenant dans son étole le dragon de l’île de Batz, celle du porche est éloquente : le sculpteur lui fait l’honneur d’un décor Renaissance alors que le reste du porche est gothique (1533).
Mais l’affirmation de la trève passe surtout par le grand clocher, qui fut un géant (75 m., presque autant que le Kreisker de Saint-Pol) avant d’être découronné par la foudre en 1809. Dans un tel environnement, le calvaire peut rester modeste : la porte triomphale en possède un second, au-dessus d’une arche unique qui résume Berven et Sizun. A ses côtés, l’ossuaire atteint le classicisme par la pureté de ses lignes, de ses colonnes et de ses niches décoratives (1667). Mais son grand mérite est de renouveler, le premier sans doute, le concept même du bâtiment : ce qui n’était au départ qu’un sommaire entrepôt d’ossements devient ici une somptueuse chapelle où l’on dit des messes pour les défunts.
Le chevet à pignons abrite un autel, au-dessus d’une crypte conçue initialement pour un groupe sculpté de la Mise au tombeau. Cette œuvre très émouvante, sculptée dans le tuffeau par un sculpteur de la Marine de Brest (1676) orne aujourd’hui l’église, au côté de six retables, une chaire, un buffet d’orgue, un baptistère, une poutre de gloire et deux bannières anciennes !