La seule concession à l’ornement semble être le lanternon couronnant le remarquable porche (1645-1653). Mais l’emploi exclusif du granit limite ici encore les possibilités décoratives : le kersanton se limite à deux chapiteaux corinthiens et aux trois statues (Joseph, Marie, et au sommet saint Derrien, patron de la paroisse). L’architecture n’en ressort que mieux, dans une rigueur d’épure.
A l’intérieur, les niches vides elles-mêmes s’accommodent sans mal de l’absence – sans doute originelle – des statues des apôtres. L’ensemble porte la main d’un maître : Roland Doré s’il faut ainsi comprendre la série de lettres : DRHMF (Doré hoc monumentum fecit). Doré, en tout cas, a signé l’un des deux calvaires (1624). Et pourtant, cette église aux dehors rudes abrite, dans un contraste baroque, le retable de bois le plus spectaculaire de toute la Bretagne.
Sur huit mètres de large et six mètres de haut, les boiseries rouge, brun et or du retable Sainte-Anne (1682) sont d’une exceptionnelle générosité. Sortent également de l’ordinaire le baldaquin des fonts baptismaux (1683) et le retable des Cinq Plaies du Christ. La perfection technique du premier (avec ses figures féminines très allongées), l’exubérance quasi profane du second sont bien dans la manière des sculpteurs de la Marine de Brest qui mettaient volontiers leur talent, entre deux chantiers de navires, au service des riches paroisses toilières.