À deux pas d’ici, d’excellents sculpteurs construisent alors le château de Kerjean (Saint-Vougay) dans le goût nouveau de la « seconde Renaissance » française, celle du Louvre, des Tuileries et de Fontainebleau. Berven sollicite les artistes de Kerjean et leur donne l’occasion d’adapter leurs modèles à un contexte tout différent, celui des enclos. Pour le portail d’entrée, ils proposent… un arc de triomphe à l’antique, de proportions irréprochables : le modèle sera bientôt imité, notamment à Sizun.
Pour le clocher, ils n’imaginent qu’un dôme surmonté de lanternons, conforme aux modèles de la vallée de la Loire. Les habitants, eux, tiennent au modèle local de la chambre des cloches ouverte. La rencontre produit le « clocher à jour » breton, version Renaissance : imité très rapidement à Roscoff, il va se multiplier dans toute la région jusqu’au début du 20e siècle ! Mené d’un seul trait – chose rare – le chantier de Berven s’achève en un temps record (sept années). L’enclos n’a pas d’ossuaire mais il comporte un oratoire extérieur et, au-delà de la place, une fontaine de dévotion. S’il n’est pas « paroissial », il est le cœur d’un bourg très attractif grâce à son pèlerinage et à ses foires.
Le décor intérieur de la chapelle est à la hauteur de l’architecture, avec notamment un Arbre de Jessé et un remarquable chœur de 24 stalles clos par un chancel. Dans le bas-côté sud, un retable de saint Eloi, patron des maréchaux-ferrants, vient rappeler que la région fut longtemps spécialisée dans l’élevage et le commerce des chevaux.