La solennité naît tout d’abord de la triple arche, fermée de deux dalles (échaliers) et jadis d’une grille centrale, pour protéger l’accès de l’espace sacré qui était aussi celui des morts. Suivant l’exemple de Berven, la paroisse a eu recours à l’atelier de Kerjean dont la maîtrise éclate dans la finesse des chapiteaux en kersanton. Sur la façade rougie de l’ossuaire (1585-88), le patron de la paroisse, saint Suliau, donne le départ d’un grave et inhabituel cortège d’apôtres, solennels eux aussi dans leur barbe quasi assyrienne.
Dominant l’église, le grand clocher a la noblesse d’un héritier du Kreisker : il est le dernier de la lignée, par sa date (1728-1735) comme par sa situation à la limite sud du Léon. La sacristie elle-même en impose par l’élégance de sa toiture en carène (v. 1700). L’intérieur de l’église ne dément pas cette recherche de théâtralité, qui culmine dans le vaste chœur surélevé auquel répond le buffet d’orgues polychrome. Et pourtant, Sizun peut aussi atteindre l’exubérance la plus échevelée dans l’extraordinaire décor Renaissance des niches de l’ossuaire (1585-1588) : cariatides gainées, entrelacs, masques étranges, femme au rouleau révèlent l’extrême liberté du sculpteur par rapport à ses modèles.
Et que de vie dans les détails extérieurs : un chien et un chat dévalent le kersanton du porche gothique. Plusieurs griffons, un lion et trois sirènes siègent aux différents angles de l’église. Le bestiaire s’enrichit encore sur la frise de pierre qui court le long du chevet, dont l’inspiration rappelle bien des sablières : animaux du quotidien, créatures monstrueuses, masques fantastiques.