Enclos Paroissial de Sizun

Enclos Paroissial de Sizun L’ARC DE TRIOMPHE ET LA SIRÈNE

tous les jours : En été : 9h30 - 19h / En hiver : 9h30 - 18h
Parking à proximité
Restaurant à proximité
Accès PMR
Toilettes sur place

Un portail d’entrée qui devient un véritable arc de triomphe à l’antique, couronné d’une balustrade et d’un calvaire. Et puis tout à côté, une sirène – ou plutôt une femme-serpent – qui regarde la place depuis l’angle de l’ossuaire. L’enclos de Sizun oscille en permanence entre la solennité et la fantaisie, qui confine parfois à l’étrangeté.

La solennité naît tout d’abord de la triple arche, fermée de deux dalles (échaliers) et jadis d’une grille centrale, pour protéger l’accès de l’espace sacré qui était aussi celui des morts. Suivant l’exemple de Berven, la paroisse a eu recours à l’atelier de Kerjean dont la maîtrise éclate dans la finesse des chapiteaux en kersanton. Sur la façade rougie de l’ossuaire (1585-88), le patron de la paroisse, saint Suliau, donne le départ d’un grave et inhabituel cortège d’apôtres, solennels eux aussi dans leur barbe quasi assyrienne.

Dominant l’église, le grand clocher a la noblesse d’un héritier du Kreisker : il est le dernier de la lignée, par sa date (1728-1735) comme par sa situation à la limite sud du Léon. La sacristie elle-même en impose par l’élégance de sa toiture en carène (v. 1700). L’intérieur de l’église ne dément pas cette recherche de théâtralité, qui culmine dans le vaste chœur surélevé auquel répond le buffet d’orgues polychrome. Et pourtant, Sizun peut aussi atteindre l’exubérance la plus échevelée dans l’extraordinaire décor Renaissance des niches de l’ossuaire (1585-1588) : cariatides gainées, entrelacs, masques étranges, femme au rouleau révèlent l’extrême liberté du sculpteur par rapport à ses modèles.

Et que de vie dans les détails extérieurs : un chien et un chat dévalent le kersanton du porche gothique. Plusieurs griffons, un lion et trois sirènes siègent aux différents angles de l’église. Le bestiaire s’enrichit encore sur la frise de pierre qui court le long du chevet, dont l’inspiration rappelle bien des sablières : animaux du quotidien, créatures monstrueuses, masques fantastiques.

LA PORTE TRIOMPHALE

L’enclos s’ouvre sous « un arc de triomphe » dont la fonction est de solenniser l’entrée dans l’espace sacré et d’interdire l’accès aux animaux. Cette entrée date de 1590 et porte bien son nom avec un développement de 15 mètres, rythmé par trois grandes arcades que séparent et encadrent des colonnes corinthiennes taillées dans le kersanton. La qualité de sa conception et la finesse des colonnes permettent de l’attribuer aux artistes qui travaillaient, dans les années 1580, au château de Kerjean (Nord de Landivisiau).

Les trois arches sont surmontées d’une galerie à balustrades couronnée de lanternons. Trois croix portent le Crucifié, entouré de Marie et de Jean, et les deux larrons. Un petit autel y est dressé. Il était possible d’y accéder par un escalier dont il ne reste que quelques marches. Elle servait peut-être de tribune pour la prédication. La solennité du lieu est teintée de fantaisie avec un riche bestiaire. On trouve à gauche de la porte triomphale et à l’angle de l’ossuaire, une femme-serpent qui accueille le visiteur.

L'OSSUAIRE

La chapelle-ossuaire construite sur la même ligne que l’arc triomphal date des années 1585-1588. Elle donne sur l’ancien cimetière, face à l’Orient. Sa longue façade intérieure est partagée en deux registres. La partie inférieure est percée d’ouvertures en plein cintre séparées par des pilastres ou des cariatides gainées. Le registre supérieur présente douze niches séparées par des pilastres cannelés et abritant les statues des douze Apôtres. C’est une grande originalité et le seul ossuaire de Bretagne à s’orner ainsi des statues des Apôtres.

On les trouve d’habitude à l’intérieur des porches. Chacun d’entre eux porte un verset du Credo et son attribut. A l’intérieur de l’édifice, on peut admirer saint François d’Assise, saint Antoine de Padoue tenant un calice, saint Yves qui rend la justice tenant en main une bourse et une émouvante pietà. Cette façade illustre également toute l’originalité de l’art de la Renaissance bretonne, avec sa porte subtilement décentrée, bordée de colonnes corinthiennes portant un fronton triangulaire avec les armes martelées des Rohan.

La variété des couleurs tient aux pierres utilisées : granite, pierre jaune de Logonna-Daoulas, kersanton rehaussé par une polychromie rouge. Cette diversité se retrouve dans les motifs décoratifs qui entourent les sept niches : spirales, masques, personnages mystérieux. L’inscription surmontant la porte est l’une des rares allusion à la mort : «memento mori opt», c’est-à-dire «souviens-toi qu’il faut mourir».

LES RETABLES

Le chœur forme un ensemble monumental restauré en 1987-1993. Le maître-autel, bleu et or, est l’œuvre probable de Maurice Le Roux (vers 1670). Il est remarquable par la finesse de ses colonnettes et ses médaillons représentant la Vierge et saint Joseph. Au niveau supérieur, les deux statues représentent Notre-Dame de la Grâce et saint Suliau, le saint patron de la paroisse, en abbé mitré et crossé. Il est du XVIIe siècle. Les lourdes colonnes supportent un fronton où apparaît le Père éternel et encadrent le tableau de l’Ascension.

Le retable latéral gauche est en marbre et tuffeau du Val de Loire, une singularité dans le Finistère où les retables sont habituellement en bois. Les têtes d’angelots, les Vertus particulièrement élégantes de l’étage supérieur – la Prudence et l’Espérance – encadrent le Christ. La toile centrale relate l’épisode où un enfant révèle à St Augustin qu’il est vain de chercher à comprendre les mystères de la Trinité. Le retable latéral droit est dédié aux saints Jean, le Baptiste figuré sur le tableau et l’Evangéliste en statue réalisée moitié bois moitié pierre.

Au Sud, le retable du Rosaire (1655) est l’œuvre de Jean Berthouloux. Des colonnes roses torses débordantes de vie encadrent le tableau du Rosaire et les statues de saint Dominique et sainte Catherine de Sienne. L’autel du transept Nord, le retable des Agonisants, comporte un tableau représentant l’agonie de Michel Le Nobletz et les statues de saint Pierre et saint Paul.