La vue d’ensemble, depuis la place, ne trompe pas : tout ici paraît exactement proportionné au lieu, depuis la flèche du clocher jusqu’à la sacristie-miniature dont la toiture en carène reprend le modèle de Sizun. Depuis la démolition du petit ossuaire en 1920, le profil aérien du calvaire (v. 1600) se détache sur le fond de la vallée. Les deux traverses portent, dans un défi à l’équilibre, le Christ, les larrons, les cavaliers, quatre statues géminées, une Pietà et le jeune prince Mélar. La réussite en revient au sculpteur qui, peu après, réalisera le grand calvaire de Plougastel-Daoulas.
A ses côtés, le petit porche Renaissance excelle dans le registre délicat de la réduction : colonnes baguées et fronton, apôtres et dais, voûte d’ogives et restes d’ocres jaunes et rouges, banquettes de pierre pour les notables…, tout y est, à la mesure du lieu (1664). L’intérieur de l’église prolonge le charme. Les fonts baptismaux et les bannières anciennes disent l’autonomie de la trève, obtenue par les habitants en 1612. La totalité du chœur est tapissée de trois retables d’une grande richesse.
Celui du maître-autel (vers 1675) célèbre bien sûr l’Eucharistie ; mais tout autant la vie et le martyre de saint Mélar, car la paroisse vient d’obtenir des reliques de l’enfant aux prothèses d’argent. Si le terme de « baroque paysan » a un sens, c’est peut-être ici, dans l’inimitable saveur du retable de saint Hervé et les angelots joufflus de la voûte bleutée.