On avait pourtant commencé dans la fidélité aux meilleurs modèles gothiques : un chevet aux rampants ajourés (1564) et surtout un clocher (1570) inspiré du Kreisker de Saint-Pol-de-Léon. Depuis le plateau du Léon, qu’il domine encore, c’est lui qui donne le départ de la course aux grands clochers, où la vallée va s’engager sans tarder (Lampaul-Guimiliau, Landivisiau, Commana…) Quelques années encore et l’on découvre, grâce au château de Kerjean, une nouvelle manière de bâtir et des décors tout différents : frontons, colonnes baguées, chapiteaux corinthiens, lanternons… conformes aux dernières modes des chantiers royaux.
Bodilis va les adopter avec enthousiasme, et l’église gothique va se trouver enveloppée d’une parure Renaissance d’une exceptionnelle profusion. Morceau de bravoure, le porche (1585-1601), décoré jusque sur ses parois extérieures. Le regard de la Vierge, de l’ange de l’Annonciation et les longs visages des apôtres accueillent le visiteur. Impressionnants de hiératisme, ils dominent un peuple grouillant de visages, de mufles de lions, de masques grotesques, le tout rythmé de pilastres, de cartouches ou d’entrelacs.
Que serait-ce si ce porche avait gardé ses couleurs ! Cette Renaissance foisonnante se retrouve à l’intérieur de l’église, où les charpentiers se sont donné à cœur joie sur plus de 100 mètres de sablières, 14 poutres et 20 blochets extraordinairement fouillés, dans une inspiration religieuse, mythologique et profane. Mais comme les apôtres dans le tohu-bohu du porche, les cinq retables imposent leur belle ordonnance et les paisibles certitudes d’un catéchisme en images.